Khosroshahi, Fati

FATI KHOSROSHAHI  

Fati Khosroshahi est née en Iran, “au 19ème siècle” comme elle aime à le dire ! Elle a vécu à Téhéran, Londres, Fribourg, Montréal, Boston, Paris et maintenant Lausanne. Dans une “vie précédente”, elle était chercheuse en psychologie expérimentale (PhD, Harvard).

Sa peinture, abstraite, est multi-technique. Elle a fait une première exposition solo à Lausanne en 2019 et a vendu des œuvres à Paris et à Londres. Elle est inspirée, entre autres, par les œuvres de Mark Rothko, Lawrence Carroll, Vilhelm Hammershøi et Nikola Zaric. Sans parler de Leonard Cohen qui dit “There is a crack in everything. That’s ­­how the light gets in.” (Il y a une fissure dans tout. C’est comme ça que la lumière entre).

 

De ses peintures, Fati dit : “Mon travail est inspiré par le désordre et par toutes les destructions dont j’ai été témoin au cours de ma vie. Une vie qui a commencé pleine d’espoir et avec en perspective la promesse implicite mais ferme de progrès. Pourtant, une grande partie de ce que j’ai connu a disparu. Comme les Bouddhas de Bamiyan, bien des choses importantes ont été détruites.” 

 

 

Les œuvres de Fati Khosroshahi nous confrontent à une question complexe : comment représenter picturalement des idées ou des phénomènes parmi les plus importants dans nos vies, de ceux qui nous accompagnent tous et toujours ? Chacun y apportera sa réponse propre bien sûr. Bien souvent, toutefois, celle-ci sera illustrative et référentielle.

Khosroshahi y répond différemment. Elle ne se place pas directement dans ces traditions picturales. Elle tente sa voie propre et nous propose de l’accompagner dans cette aventure, celle de faire voir ces phénomènes de manière picturalement forte et émouvante, mais sans passer par les schémas visuels et cognitifs connus et attendus.

Prenez la pièce intitulée Solitudes 4. Se référant à la palette de couleurs, si profondément dramatique, d’un Rothko ou celle, si contrastée, d’un Günther Förg, Khosroshahi nous présente des individus éparpillés -au hasard ?-, des êtres parfaitement solitaires se mouvant dans différents environnements, dans des réalités plus ou moins sombres, à l’image de nos sociétés ou du monde…

Ou alors voyez les travaux des séries Memories ou Interstices. Là encore, l’artiste n’illustre pas, elle fouille, elle superpose des strates pour créer la profondeur, elle nous fait nous confronter au processus vital, complexe et mouvant que nous appelons mémoire et ses souvenirs. Ce que l’on retrouve dans son abstraction expressive est bien le fonctionnement dynamique de ce phénomène qui nous fait être qui nous sommes, qui structure notre persona si unique.

Fondamentalement, ce que Khosroshahi tente de nous dire, ce qu’elle nous donne à voir de sa manière émouvante, est que, peu importe nos positions dans la réalité ou les contenus de nos souvenirs, nous partageons tous ensemble la réalité et le poids de ces phénomènes profonds que sont la solitude, la mémoire, … qui constituent notre humanité partagée.