Gonseth-Favre, Pierrette

Pierrette GONSETH-FAVRE
Passer les rêves. Exposition du 26 octobre au 2 décembre

Au départ il y a ses mains, fermes comme le sont celles de ces femmes de la terre. Rapides, elles attrapent les objets initiaux qui vont nous mener sur le fil ténu du voyage. À peine l’on pénètre dans l’atelier de Pierrette Gonseth-Favre que l’on devine la précision, la sûreté du geste. Pas de place, ou si peu, pour le hasard, mais la découverte voulue de l’artiste. Assise à sa table de travail, le regard s’aiguise, se concentre, rentre dans la sarabande de l’œuvre, du monde. Le reflet cache sa beauté: «ombre et silence», «La moisson du voyageur», autant de tableaux de fils tendus, insolites, poétiques, qui rappellent les souvenirs de son enfance. Celle de la vigne, du rythme des saisons et des chants mâtinés de tendresse et de découvertes.

 

Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre, la maison familiale fournit la clé de l’équation. Founex, la Côte, le sang de la terre, l’appel des racines. Ces racines que l’on retrouve dans ces fils de fers tissés, pareilles aux reflets irisés dans les vitres, après un magnifique orage d’été. L’accroche minutieuse rappelle l’école Jobin, celle où Pierrette Gonseth-Favre a appris, a compris que sa vie serait art, passion, découverte. Immortalité silencieuse, quiétude du centre, le retour à l’essentiel conjugue la liberté, ce côté rebelle qui ne dit pas son nom. Inspirée, Pierrette Gonseth-Favre fixe l’œuvre, la jauge, l’enracine et la transcrit dans le temps: celui du rêve et de l’amour. Elle ne l’a pas vu, mais une Cléo, ce petit personnage tiré des mannequins d’enfants que l’on utilisait au début du XXe siècle, la scrutait du fond de l’atelier. Elle n’a pas de visage mais l’on devine un sourire au coin de ses lèvres. Entourée de ses semblables, toutes prêtes à s’exprimer. Juste avant que ne se lève le rideau, le rêve diffuse déjà son philtre, la magie est la plus forte, une fois encore…  (Texte de Daniel Bujard)